La perfection : stop ou encore ?
Qui sont les perfectionnistes ? Des gens tout à fait ordinaires, qui aiment la vie, ont une multitude d’envies. Et qui partagent cette caractéristique : l’envie de faire toujours plus, mieux, sans défaut, tout en tirant rarement satisfaction de leurs actions tant leur curseur d’exigence est élevé.
Lorsque l’on présente une personnalité perfectionniste, on est un idéaliste qui honnit le tryptique « défaut », « défaillance », « échec ». On éprouve, de manière plus ou moins consciente et assumée, un grand besoin de contrôle.
On est un grand adepte de la performance, possédant un sens développé du détail et une grande rigueur, généralement fiable. Cela fait donc de ce type de personnalités des éléments fort appréciés par leur hiérarchie et nombres de leurs collaborateurs dans leur sphère professionnelle. Lorsque l’on s’inscrit dans une quête de perfection, c’est très souvent (même si en psychologie, chaque personnalité est unique, un univers à part entière) pour répondre aux attentes réelles ou supposées des autres, attentes que l’on a bien souvent intégrées dans son enfance. On cherche à satisfaire notre entourage en étant irréprochable, et donc en n’étant loin de soi-même, en une version sublimisée de ce qu’on pense qu’ils recherchent. On vit sa vie par procuration. C’est pourquoi, viser la perfection est plus décourageant qu’autre chose.
Cependant, au plus profond de lui, le perfectionniste le sait parfaitement : la perfection est un pur mythe.
Ce qui prime avant tout si on souhaite être en accord avec soi-même et donc épanoui, c’est la satisfaction personnelle. Celle-ci s’obtient par l’aboutissement de nos actions en utilisant nos forces, et non à se pliant à des exigences illimitées et toujours démultipliées. En effet, si la recherche de la perfection incite à se dépasser, et est donc un puissant stimulant, le revers de la médaille peut se révéler très élevé.
En premier lieu, le perfectionniste profite fort rarement de l’instant présent, puisqu’il s’inscrit par essence dans l’anticipation. Ou alors cette satisfaction du devoir accompli sera de courte durée, dès lors qu’un nouvel objectif se profilera, et avec lui de nombreuses montagnes à déplacer, qui mobiliseront son attention et son énergie. Le perfectionniste est donc rarement au repos, que celui-ci soit d’ordre physique, mental, émotionnel. Et donc, il joue dangereusement avec ses limites physiologiques (fatigue, surmenage) et mentales (stress, insatisfaction chronique, relations interpersonnelles compliquées …)
D’autre part, il est plus exposé qu’un autre type de la personnalité à la maladie professionnelle du siècle : le burn out. En effet, la perfection ne rimant pas avec nuances, écoute de soi, limites, le danger rode! Cette maladie professionnelle a été décrite en premier lieu dans les années 1980 par H.J. Freudenberger, psychologue américain. C’est un syndrome d’épuisement professionnel, provoqué par un stress lourd, qui combine une fatigue profonde, un désinvestissement de l’activité professionnelle, et un sentiment d’échec et d’incompétence dans le travail. Le salarié ne parvient plus à faire face aux exigences de son environnement professionnel : il voit son énergie, sa motivation et son estime de soi décliner. Les perfectionnistes y sont prédisposés du fait de leur tendance à surréagir au stress lourd. C’est une maladie silencieuse, encore trop peu connue, mal décelée par le sujet en souffrance et par les dirigeants, qui est à prendre au sérieux.
Pour sortir de cette quête effrénée et douloureuse, la personne présentant une personnalité perfectionniste peut dans un premier temps se poser avec profit ces deux questions, pour débuter son introspection :
– De quoi ai-je peur ? Rechercher la perfection en tant que cadre, que réassurance, c’est avant tout avoir peur de voir le monde tel qu’il est, de se décevoir dans sa réalité.
– Qui est-ce que je souhaite contenter ? Un parent, une attente réelle, une attente supposée …
– Qui suis-je ? le perfectionniste, à confiner sa vie selon son curseur d’exigence très élevé, passe à côté de lui-même. S’il apprenait enfin à se connaitre dans sa propre authenticité, sa peur reculerait. Sa vie et toutes les pièces du puzzle s’organiseraient enfin, sans plus de pression, ni peur de décevoir ou de ne pas être à la hauteur.
Si ce questionnement vous est trop douloureux, ou que vous rencontrez des résistances, n’hésitez pas à faire appel à un professionnel qualifié de la relation d’aide pour vous accompagner en posant un cadre sécurisant.